Le Japon, un bout d'histoire
A La rencontre des occidentaux
Il n'y a pas eu que nous sachions, dans l'histoire, exemple d'un
peuple qui ayant une civilisation à lui, civilisation toute faite et
appropriée à son génie national y renonce tout à coup pour adopter les
mœurs et les usages de nations auxquelles il avait jusqu'alors fermé
l'entrée de son territoire. Ce fait unique s'est passé au Japon.
Libres politiquement et religieusement, c'est en qualité de disciples
volontaires, et non de sujets, qu'ils entrent dans le monde européen
pour lui emprunter ses idées et ses mœurs.
Il a fallu pourtant une circonstance extérieure pour engager le Japon à
rompre avec ses habitudes séculaires et à sortir de son isolement.
Les Japonais vivaient dans dans un isolement de ce genre, ne permettant pas aux Européens de pénétrer dans leur pays, qu'ils avaient entrouvert seulement à un petit nombre de Hollandais, moyennant des conditions humiliantes que d'autres peuples n'auraient sans doute pas acceptées.
Les Hollandais, au nombre de quinze ou de vingt, étaient parqués sur îlot artificiel, nommé Décima ou Désima, de 185 mètres de long sur 74 de large. Fermé de tous. côtés; ils n'avaient presque aucune communication avec les Japonais, et ne communiquaient avec la mère patrie que par un navire qui venait 1 fois chaque année, faire du commerce, seule considération qui pût engager les Hollandais à se soumettre à une si dure servitude.
Ilot de Décima à Nagasaki, assigné pour demeure aux Hollandais .
Cette situation durait depuis 250 ans, lorsqu'en 1853 un escadre américaine sous les ordres du commodore Ferry, arriva dans les eaux japonaises. Son apparition fit événement comme bien on pense. Le gouvernement transmit à l'amiral notification des ordonnances en vigueur concernant les étrangers mais l'Américain tint aucun compte. Il déposa le message dont il était chargé et annonça qu'il reviendrait dans un an chercher la réponse. On juge si cet ultimatum causa de l'émoi dans le gouvernement Japonais et dans ce pays.
Il se forma deux courants d'opinion totalement opposés. Les uns, les
fanatiques ne voulaient pas entendre parler d’accommodation avec les
Barbares. Les autres, plus sages et plus prudent, comprenaient qu'il
serait difficile de résister à des étrangers si bien armés et décidés à
forcer les portes qu'on s'obstinait à tenir fermées.
Ce furent, les derniers qui l'emportèrent. Soit qu'il sentit la
nécessité de sortir de la politique qu'il avait, pratiquée si
longtemps, soit qu'ils craignaient des représailles s'ils se
maintenaient dans son isolement, soit enfin désir réel de nouer des
relations avec les étrangers.
Le gouvernement japonais se déclara prêt à traiter, et le 31 mars 1854
une convention fut signée d'après laquelle deux ports étaient ouverts
aux Américains.
Quelques années plus tard (1857), nouveau traité, mais déjà les autres
nations jalouses des avantages obtenus par les Etats-Unis avaient
sollicité du japon des traités analogues. La France, l'Angleterre, la
Russie et beaucoup d'autres Etats s'entendirent successivement avec le
gouvernement japonais qui consentit à ouvrir un certain nombre de ports
avec liberté pour les étrangers d'y pratiquer le commerce en en même
temps d’y exercer leur religion
Quand les Européens pénétrèrent dans ce pays mystérieux qu'ils ne connaissaient encore que très imparfaitement et très inexactement, ils se trouvèrent en pr-sence d'un état féodal semblable à celui qui avait existé jadis en Europe, mais qui avait fait place, depuis des siècles, à des formes de gouvernement plus perfectionnées.
Le Japon avait été découvert en 1542, par un aventurier portugais, Fernand Mendez Pinto, lors du beau temps de la gloire du Portugal.
Les armes que Mendez Pinto et ses compagnons portaient avec eux à cette époque excitèrent surtout l'étonnement et l'admiration des indigènes. Comme preuve de l'intelligence des Japonais et de leur esprit d'imitation (don naturel qu'ils ont conservé jusqu'à ce jour et qui est un des traits essentiels de leur caractère), Pinto cite ce fait que, lors de son départ, il y avait déjà 600 fusils dans la contrée, et lorsqu'il revint, en 1556 toutes les villes étaient munies d'armes de ce genre.
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